Un Chelsea tapi dans l’ombre durant un mercato, un tantinet statique et impassible, ça n’existe plus. Depuis l’arrivée de Todd Boehly à la tête du club en 2022, les Blues font sauter le compte en banque en chamboulant leur effectif chaque été. Cette fenêtre de transfert estivale ne déroge pas à la règle, avec quasiment 280 M€ investis.

Mais qui pouvait croire un seul instant que Chelsea allait rester inactif cet été ? Quatrième de Premier League la saison passée, titré en Ligue Conférence et auréolé d’un titre de champion du monde des clubs en juillet dernier, les Blues s’avançaient vers la nouvelle campagne armés d’une dynamique favorable et prometteuse. Assurément, cette équipe a laissé transparaître un potentiel conséquent sous la houlette d’Enzo Maresca, arrivé sur le banc à l’été 2024. Le manager italien a su relancer et gérer une formation en détresse depuis deux ans, et ce malgré l’effectif pléthorique dont il disposait. Mais en dépit de ce vivier de talents abondant, la direction du club a décidé d’investir massivement cet été. Depuis un mois et demi, les recrues pleuvent à Stamford Bridge. Dans le même temps, les ventes s’accumulent, assurant une rentrée d’argent inhérente à tout nouvel investissement. Une activité accrue sur le marché, censée assouvir les ambitions débordantes du board de Chelsea.
De l’agitation aux postes d’ailiers
Dès la fin de la saison passée, Enzo Maresca avait érigé un poste sur lequel se renforcer prioritairement : celui d’ailier. Les Blues n’ont pas levé l’option d’achat pour recruter Jadon Sancho, tandis que Mykhaylo Mudryk est suspendu pour l’heure indéfiniment suite à suspicion de dopage. Un scénario qui laissait Pedro Neto, Noni Madueke et le jeune Tyrique George pour seuls ailiers de formation dans l’effectif (Raheem Sterling étant mis de côté). Chelsea a donc vite accéléré pour s’assurer la signature de Jamie Gittens en provenance du Borussia Dortmund (55 M€). Le club peut aussi compter sur l’arrivée dans son effectif du prodige brésilien de 18 ans, Estevao (34 M€), dont le transfert avait été ficelé l’été dernier. Des opérations bien senties puisqu’au cœur du mois de juillet, Noni Madueke a dégarni les rangs de l’équipe en rejoignant le rival Arsenal, contre un chèque de 56 M€.
Nicolas Jackson bousculé en pointe
Mais le tableau des dépenses ne s’arrête pas là. Insatisfait du rendement de Nicolas Jackson à la pointe de l’attaque (10 buts en Premier League en 2024-2025), Chelsea est allé chercher Joao Pedro à Brighton (63,7 M€) et Liam Delap à Ipswich (35,5 M€). De nouvelles armes offensives qui auront pour mission d’enfiler les réalisations. D’ailleurs, le polyvalent brésilien devrait jouer un rôle plus global pour résoudre les quelques problèmes d’automatismes et de liant présents dans l’animation des Blues. Défensivement, même si le club n’a perdu aucun élément majeur, la direction s’est assuré les services de Jorrel Hato, venu de l’Ajax Amsterdam (44,2 M€). Un élément aussi bien capable d’évoluer au poste de latéral gauche que dans l’axe. Avec la grave blessure de Levi Colwill au ligament croisé antérieur du genou dès la reprise, l’ajout de Jorrel Hato dans l’effectif semble se présenter à point nommé. Notons aussi les arrivées des jeunes Dario Essugo (22,3 M€), Mamadou Sarr (14 M€) et Kendry Paez (10 M€).
Les recrues de Chelsea au mercato estival 2025 (au 10 août)
Joueur | Club précédent | Montant du transfert |
---|---|---|
Joao Pedro | Brighton | 63,7 M€ |
Jamie Gittens | Borussia Dortmund | 56 M€ |
Jorrel Hato | Ajax | 44,2 M€ |
Liam Delap | Ipswich | 35,5 M€ |
Estevao | Palmeiras | 34 M€ |
Dario Essugo | Sporting CP | 22,3 M€ |
Mamadou Sarr | Strasbourg | 14 M€ |
Kendry Paez | Independiente | 10 M€ |
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Une politique de recrutement normée
Depuis le début de l’été, Chelsea est le deuxième club anglais à avoir le plus investi sur le marché des transferts, avec 279,65 M€ dépensés. Malgré un exercice 2024-2025 abouti, Chelsea vise plus grand et rêve de remporter à nouveau la Premier League et la Ligue des champions. Pour rappel, la couronne nationale leur échappe depuis 2017, tandis qu’ils ont triomphé en Ligue des champions en 2021, mais n’y ont pas participé depuis deux ans. D’où la volonté des dirigeants des Blues de toujours voir leur équipe progresser : la quatrième place de la saison passée n’est pas une fin en soi. Le but est de créer une équipe dominante capable de remporter des trophées, de former une émulation au sein de l’effectif, le tout en s’appuyant sur les joueurs les plus talentueux de la nouvelle génération. Oui, Chelsea recrute jeune, voire très jeune. Cet été, pas un seul nouvel arrivant n’a plus de 23 ans. D’ailleurs, le club avait de loin l’effectif le plus juvénile du championnat l’an passé, avec une moyenne d’âge de 22,4 ans.
Une abondance de joueurs dans l’effectif
D’un autre côté, cette stratégie fait l’objet de certaines réserves. Depuis la reprise du club en 2022 par l’Américain Todd Boehly via le consortium BlueCo, Chelsea a dépensé près de 1,716 Md€ sur 52 joueurs. Une somme vertigineuse, qui est évidemment un record mondial sur la période. L’arrivée de ce nombre considérable de recrues a pu desservir l’équipe, tant les joueurs sont empilés. La saison passée par exemple, Enzo Maresca disposait d’un effectif délirant de 58 joueurs ! Pourtant, les règles n’ont pas changé : ils ne peuvent qu’être onze sur le terrain. Dans le même temps, les départs se multiplient. Évidemment, il est impossible pour le club de pouvoir compter sur tous ses éléments sous contrat. Certains viennent, puis repartent dès l’été suivant, déçus de leur temps de jeu et de leur place dans le groupe. Ces derniers jours, Joao Félix et Kiernan Dewsbury-Hall ont tous les deux quitté le club, soit un an pile après leur recrutement.

Un dégraissage plus qu’indispensable
Mais ils ne sont pas les seuls. Face à cet effectif surchargé, Chelsea mise beaucoup sur une option : le prêt. Cette formule permet souvent aux joueurs d’obtenir du temps de jeu ailleurs et de retrouver une certaine côte sur le marché. À leur retour à Londres, ils sont ensuite cédés définitivement, à l’image cet été de Djordje Petrovic, Lesley Ugochukwu, Armando Broja, ou Kepa Arrizabalaga. Au total, le club a généré 231,95 M€ au travers des ventes depuis l’ouverture de ce mercato estival. Un chiffre dans la continuité de ces trois dernières années. D’ailleurs, ce montant pourrait encore augmenter avec les potentiels départs de Raheem Sterling, Axel Disasi, Ben Chilwell, Carney Chukwuemeka et Renato Veiga, devenus persona non grata à Chelsea. Mais ces innombrables recrues et cette absence de continuité suscitent une instabilité chronique, qui a abouti à une timide 6e place en Premier League en 2023-2024 et une inadéquate 12e position en 2022-2023. Même sur le banc, Chelsea en est à son quatrième entraîneur en trois ans. Si Enzo Maresca semble aujourd’hui bien installé à son poste, cette culture de l’instant et du changement a assurément causé du tort au club ces dernières années.
Les ventes de Chelsea au mercato estival 2025 (au 10 août)
Joueur | Nouveau club | Montant du transfert |
---|---|---|
Noni Madueke | Arsenal | 56 M€ |
Joao Félix | Al-Nassr | 30 M€ |
Djordje Petrovic | Bournemouth | 28,9 M€ |
Lesley Ugochukwu | Burnley | 28,7 M€ |
Kiernan Dewsbury-Hall | Everton | 28,6 M€ |
Armando Broja | Burnley | 23 M€ |
Mathis Amougou | Strasbourg | 14,5 M€ |
Bashir Humphreys | Burnley | 14 M€ |
Kepa Arrizabalaga | Arsenal | 5,8 M€ |
Marcus Bettinelli | Manchester City | 2,4 M€ |
Lucas Bergström | Majorque | Libre |
Mike Penders | Strasbourg | Prêt |
Kendry Paez | Strasbourg | Prêt |
Mamadou Sarr | Strasbourg | Prêt |
Marc Guiu | Sunderland | Prêt |
Si le tableau ne s’affiche pas en entier sur mobile, il est possible de le faire défiler de gauche à droite.
Un club satellite : le RC Strasbourg
Pour répondre à cette problématique et ces investissements à outrance, BlueCo a fait un choix drastique en 2023 : acheter un deuxième club. L’heureux élu ? Le Racing Club de Strasbourg. La formation française fait désormais office de destination privilégiée pour toutes les pépites de Chelsea qui ne peuvent pas prétendre à une place en équipe première à Londres. Cet été, les Blues ont officialisé le départ de Mathis Amougou au Racing (14,5 M€), ainsi que les prêts de Mike Penders, Kendry Paez et Mamadou Sarr. Ce dernier a d’ailleurs été recruté par Chelsea à Strasbourg cet été, avant de retourner à la Meinau dans la foulée, faute de place dans l’effectif. Mais en cas de bonnes performances de leur part en Ligue 1, ils pourraient ensuite avoir leur chance avec Enzo Maresca en Premier League. C’est le cas par exemple de l’ex-capitaine alsacien Andrey Santos, prêté un an et demi au sein du club de Marc Keller, et qui intègre l’effectif des Anglais cette saison.

Encore du mouvement cet été ?
Sauf que cette folie dépensière n’est pas prête de s’arrêter à Chelsea. D’ici à la fin du mercato le 1er septembre, le club pourrait encore sortir le portefeuille et ajouter de nouvelles têtes dans son vestiaire. « Je l’ai déjà dit plusieurs fois, mais tant que la fenêtre de mercato est ouverte, beaucoup de choses peuvent se passer, aussi bien dans le sens des arrivées que des départs » déclarait Enzo Maresca en conférence de presse le 7 août. En premier lieu ? Achever la transformation du secteur offensif. Les rumeurs parlent d’un intérêt grandissant, voire de négociations entamées, pour recruter Xavi Simons (Leipzig) et Alejandro Garnacho (Manchester United). De quoi jeter un froid sur l’avenir du Français Christopher Nkunku, dont les opportunités de temps de jeu pourraient devenir bien maigres. Pareil, Nicolas Jackson aurait demandé à sa direction de pouvoir étudier ses options afin de se trouver un nouveau club. Enfin, si initialement Enzo Maresca ne voulait pas compenser la longue blessure de Levi Colwill, son discours a changé. « C’est une priorité. Il va me manquer, donc on essaye de trouver différentes solutions. » Autant dire que malgré toutes les transactions déjà opérées, trois nouveaux joueurs pourraient encore rejoindre Stamford Bridge d’ici à la fin du mercato. Reste à voir comment ces recrues bouleverseront le visage de Chelsea sur le pré cette saison.