La saison 2024-2025 oubliée, Manchester City veut se relever. Mais pour cela, Pep Guardiola, le manager de l’équipe, doit opérer un bouleversement complet au sein du club cet été. De l’effectif, au schéma tactique, en passant par le staff et la direction sportive, gros plan sur les chantiers estivaux des Skyblues.

Mis en difficulté la saison dernière en Premier League, Pep Guardiola n’a pas dit son dernier mot et travaille d’arrache-pied pour retrouver le succès avec Manchester City.
C’est la grande révolution à Manchester City. Après une saison pénible, au cours de laquelle ils n’ont jamais été en mesure de se battre pour le titre de champion d’Angleterre, les Cityzens changent tout cet été, ou presque. Avec un homme aux manettes de ces nombreux bouleversements : le manager de l’équipe, Pep Guardiola. Au sein d’un club mancunien en fin de cycle, l’Espagnol multiplie les choix forts quasiment en solitaire, lâché petit à petit par tous ses fidèles bras droits. Le directeur sportif Txiki Begiristain, en poste depuis 2012 et que Guardiola connaît depuis son époque barcelonaise, a annoncé son départ estival dès le mois d’octobre 2024. Il est officiellement remplacé ce 1er juillet par Hugo Viana, directeur sportif du Sporting CP depuis 2018. Pire, ses adjoints se sont aussi fait la malle. Le célèbre Juanma Lillo, mais aussi Carlos Vicens et Inigo Dominguez sont tous partis une fois leur contrat terminé. De quoi forcer Guardiola à se rebâtir un staff technique : il a dégoté deux anciens de son concurrent Liverpool avec Pepijn Lijnders, qui devient son assistant, et James French, spécialiste des coups de pied arrêtés. L’ancien défenseur Kolo Touré intègre également son staff le temps (pour l’instant) de la Coupe du monde des clubs.
Une révolution en marche depuis le mois de janvier
Bref, rien qu’en-dehors des terrains, Pep Guardiola avait déjà du pain sur la planche pour préparer cette nouvelle saison. Mais sur le rectangle vert aussi, et il s’y attelle depuis de longs mois. Face à l’impuissance sportive de son équipe, larguée en championnat dès la fin d’année 2024, le tacticien de 54 ans a lancé un renouvellement de son effectif au mois de janvier. L’objectif ? Injecter un sang neuf devenu vital et commencer à préparer 2025-2026. Avec un Hugo Viana officieusement au travail, les Skyblues se sont activés sur le marché des transferts : Omar Marmoush, Nico Gonzalez, Abdukodir Khusanov et Vitor Reis ont rejoint le club cet hiver. Montant total de ces opérations ? Plus de 200 millions d’euros ! Un investissement onéreux qui a permis à Guardiola d’adapter ses recrues à son système de jeu, mais aussi d’assurer une place qualificative pour la prochaine Ligue des champions (3e en PL), chose qui était loin d’être garantie.

Arrivé en janvier dernier à Manchester City, l’Égyptien Omar Marmoush s’est plutôt bien acclimaté à la Premier League. La preuve, il a inscrit 7 buts en 16 matchs la saison passée.
La fin de l’ère Kevin De Bruyne
Mais Pep Guardiola l’a compris, son effectif est devenu vieillissant et ses tactiques stéréotypées. Et pour relancer la machine, il n’hésite pas à faire des choix forts. Cet été, il a décidé de mettre à la porte son métronome Kevin De Bruyne (34 ans). Le Belge a eu les clés du jeu de City pendant dix ans, cumulant au total 381 matchs, 92 buts et 164 passes décisives sous les ordres du Catalan. Mais il paie ses nombreuses blessures de la saison passée, en plus de son âge avancé. Kyle Walker (35 ans), autre historique déjà prêté à l’AC Milan entre janvier et juin dernier, devrait l’imiter prochainement, tout comme Jack Grealish (29 ans). A contrario, certains anciens veulent se battre pour se faire une place au cœur de cette révolution. C’est le cas par exemple d’un Bernardo Silva (30 ans) en perte de vitesse depuis deux ans : « Cette saison, c’est sûr que je resterai à Manchester City. » Même son de cloche pour le gardien Ederson (31 ans) au sortir d’un exercice contrasté : « Mon futur est ici. » Ilkay Gündogan (34 ans) espère également avoir cette chance : « Je suis très heureux ici. Je pense que j’ai encore plusieurs années devant moi pour jouer au plus haut niveau en prenant soin de moi. » Tous les trois entrent dans leur dernière année de contrat.
Un mercato estival très cohérent
Sauf qu’en même temps, l’effectif de Manchester City se renforce sérieusement. Très rapidement sur ce marché estival, le décuple champion d’Angleterre a sécurisé des arrivées qualitatives à des postes clés. Tout d’abord, c’est le latéral gauche de Wolverhampton Rayan Aït-Nouri qui a rejoint le club. Fort de ses cinq saisons en Premier League, l’Algérien, très percutant offensivement, vient renforcer un poste dépourvu de spécialiste dans l’effectif de Guardiola. Mais City a également mis la main sur le prodige lyonnais Rayan Cherki. Véritable talent brut, le milieu offensif sort de la meilleure saison de sa carrière. Remplaçant naturel de Kevin De Bruyne dans un profil beaucoup plus technique, il pourrait dynamiser, éclairer et grandement influencer le jeu devenu lent et maussade de Manchester City. Pareil, Tijjani Reijnders arrive de l’AC Milan pour relancer ce milieu de terrain. Polyvalent dans le cœur du jeu, il pourrait assurer la relève de Gündogan dans le schéma de Guardiola. Bon dans l’organisation et dans les projections, il a été élu meilleur milieu de Serie A la saison passée, avec ses 10 buts et 5 passes décisives.
Quelle intégration tactique pour les recrues ?
Ces recrues, c’est Guardiola qui les a choisies et convaincues de venir. Mais il va maintenant devoir les intégrer à son système tactique, et adapter quelque peu son animation à elles. C’est d’ailleurs ce sur quoi il travaille cet été lors de la Coupe du monde des clubs. Friand la saison passée d’un 3-2-4-1 avec un carré dans l’entrejeu, l’ancien entraîneur du Bayern Munich tente d’innover cet été en créant de nouveaux automatismes. L’occasion de voir certaines propositions tactiques intéressantes, dans des systèmes toujours amovibles. En ouverture du tournoi contre le Wydad Casablanca, Reijnders a évolué à un poste inattendu de 6 devant la défense. Il était alors accompagné pendant les phases de construction des deux latéraux dans le cœur du jeu, en l’occurrence Rico Lewis et Nico O’Reilly. De quoi laisser les couloirs totalement libres pour les ailiers Savinho et Jérémy Doku. Notons que cela fait depuis la saison 2016-2017 que Guardiola ne joue plus avec ses deux latéraux dans le milieu. Dans ce match, Rayan Cherki était également titulaire à un poste surprenant de faux numéro 9, entouré de Phil Foden et d’Omar Marmoush.

Il sera intéressant de voir comment Pep Guardiola incorporera Rayan Aït-Nouri dans son schéma tactique en raison de son profil de latéral offensif.
Quel rôle pour Rayan Aït-Nouri ?
Pendant les autres rencontres de la phase de poule, Guardiola a encore fait des tests. Il a par exemple intégré Rayan Aït-Nouri dans le couloir gauche. Un profil totalement différent de celui de Nico O’Reilly ou de Josko Gvardiol, et qui n’intéressait plus l’Espagnol depuis le départ de Joao Cancelo. Face à la Juventus, l’ancien angevin a commencé par monopoliser le couloir entier, poussant Jérémy Doku à s’insérer dans le demi espace. Mais au fil du match, il a délaissé ce rôle-là pour se muer en milieu de terrain supplémentaire, laissant alors au Belge le soin de dompter l’aile gauche. Guardiola envisage-t-il de faire d’Aït-Nouri un latéral hybride ? De son côté, Reijnders était excentré à gauche dans un triangle au milieu de terrain contre les Italiens, aux côtés du revenant Rodri et de Bernardo Silva. Une position dans laquelle il s’est épanoui, montrant également de premières bonnes dispositions avec ses partenaires. Enfin, Cherki a eu plus de libertés lors de ses entrées contre Al Ain et la Juve, se libérant balle au pied, marquant même contre les Émiratis. Bref, tous ces éléments intègrent la reconstruction de City, avec un Guardiola en quête de formule magique. Mais une chose est sûre, les Skyblues avancent avec détermination afin de reconquérir la couronne nationale. La concurrence est déjà prévenue.