Le mercato estival va encore durer un mois et demi et pourtant Brentford a déjà perdu gros. Les Bees ont enregistré les départs de leur fidèle tacticien Thomas Frank, de leur capitaine Christian Norgaard, mais aussi de leur gardien Mark Flekken. Ils pourraient même être suivis par leur star Bryan Mbeumo d’ici peu. Parallèlement, le club tente de se renforcer pour ne pas vivre une saison 2025-2026 des plus difficiles. Focus.

C’est l’été de tous les dangers pour Brentford. Quatre ans après sa promotion en Premier League, le club londonien traverse sûrement sa période la plus incertaine dans l’élite du football britannique. La faute à un exercice 2024-2025 particulièrement réussi. Les Bees ont confirmé leur statut d’équipe à la fois bien organisée et spectaculaire. Ils ont été récompensés par de bons résultats tout au long de la saison, poussant même jusque dans les dernières semaines pour accrocher une place européenne. Finalement 10es, ils ont attiré l’œil de la concurrence. Cela fait depuis le début de l’été que Bryan Mbeumo et Yoane Wissa sont particulièrement convoités, eux qui ont respectivement inscrits 20 et 19 buts en Premier League la saison passée. Pour d’autres, le stade des rumeurs a déjà été dépassé. Le capitaine Christian Norgaard a signé du côté d’Arsenal (11,6 M€), Mark Flekken s’est expatrié à Leverkusen (10 M€), quand Ben Mee n’a pas été prolongé. Le pire ? Thomas Frank, manager de l’équipe, a quitté le club.
Des départs très importants
Ces départs sont tous de véritables coups durs pour Brentford. Si celui de Ben Mee est consenti par toutes les parties, il prive tout de même le club d’un joueur doté d’une énorme expérience en Premier League (277 matchs entre Burnley et Brentford). Celui de Norgaard est encore plus difficile à encaisser. Le Danois était l’indéboulonnable leader du milieu de terrain, le guerrier de l’équipe. Très intelligent tactiquement, il rayonnait défensivement (49 interceptions), s’imposait dans les duels (163 duels gagnés) et savait relancer proprement. Dans les cages, Flekken est devenu une référence en l’espace de deux ans. La saison passée, il était de très loin le portier au plus grand nombre d’arrêts réalisés en PL, avec 153 unités. Enfin, Brentford a aussi perdu son manager, Thomas Frank, l’homme à l’origine de tous les succès du club. Après presque sept ans à la tête des Bees, il prend son envol pour rejoindre l’ambitieux projet de Tottenham. Et que dire si Brentford était amené à perdre encore Mbeumo ou Wissa … voire les deux ?

Des profils variés parmi les recrues
En réalité, les pensionnaires du Gtech Community Stadium se font presque dépouiller et perdent une majeure partie de leur colonne vertébrale. Mais ils recrutent aussi en contrepartie. Tout d’abord, ils se sont attachés les services définitifs de Michael Kayode (17,5 M€). L’Italien avait été impressionnant dans son couloir droit lors de son prêt au club en début d’année 2025. Ils ont ensuite décidé de miser 14,8 M€ sur Caoimhin Kelleher. Le gardien de 26 ans impressionnait à Liverpool depuis plusieurs saisons, malgré son statut de remplaçant. Brentford se renforce aussi avec l’arrivée du jeune milieu offensif Antoni Milambo en provenance du Feyenoord (20 M€). « La cellule de recrutement suivait Antoni depuis plusieurs années. Nous pensons qu’il a le potentiel pour développer son jeu au plus au niveau anglais » témoigne Lee Dykes, directeur technique du club. Enfin, Brentford s’est offert un joli coup avec la signature du très expérimenté Jordan Henderson. L’ancien capitaine de Liverpool, champion d’Angleterre en 2020, revient en Premier League après une pige de deux ans entre l’Arabie saoudite et les Pays-Bas. Il arrive au club pour assumer un rôle de leader.
Quelle est la politique de recrutement de Brentford ?
Comme Brighton, Brentford a développé un modèle à la fois moderne et efficace sur le marché des transferts. La clé ? L’analyse de chiffres, de données et de datas. Brentford s’est spécialisé au fil des années dans le recrutement de jeunes joueurs à fort potentiel, à un tarif abordable. Grâce au travail de Thomas Frank sur le banc, ces joueurs pouvaient ensuite exploser et s’épanouir au sein du club. Mais ensuite, pas question pour la direction de les retenir. En cas de belle offre, Brentford a toujours laissé partir ses éléments convoités. De quoi générer du bénéfice et une source de financement pour de nouveaux transferts. De nombreux joueurs confirmés sur le circuit professionnel sont le fruit de cette politique, comme Yvan Toney, Ollie Watkins, David Raya, Saïd Benrahma, Neal Maupay ou Ezri Konsa. Alors faut-il vraiment s’inquiéter pour Brentford cet été ?
Mais qui est Keith Andrews ?
Mais l’un des gros choix de l’été à Brentford, c’est l’intronisation de Keith Andrews au poste d’entraîneur principal. L’Irlandais de 44 ans était dans le staff de Thomas Frank la saison passée, à un poste de spécialiste des coups de pied arrêtés. Il n’a aucune expérience dans un rôle de manager numéro un, puisqu’il était auparavant assistant à Sheffield United et dans la sélection d’Irlande. Mais le club lui fait confiance. « Keith comprend les joueurs, mais aussi la manière dont nous avons joué et dont nous nous sommes entraînés avec Thomas Frank. Il apportera sa propre évolution, sans partir de zéro. Il a les idées claires sur la manière dont il veut faire progresser l’équipe » justifie Phil Giles, directeur du football au sein du club. Une nomination qui rentre dans l’ADN de Brentford : avant lui, Thomas Frank était déjà l’adjoint de Dean Smith, avant d’être promu manager principal en 2018. Une formule qui s’est avérée fructueuse.
Des solutions trouvées directement au club
N’oublions pas que dans sa quête de reconstruction, le club cherchera aussi à s’appuyer sur des éléments déjà sous contrat. D’après les médias anglais, Brentford pourrait accepter de laisser partir Mbeumo ou Wissa, mais voudra garder l’un de ses deux buteurs. De quoi, déjà, limiter la casse. D’ailleurs, Keith Andrews pourrait s’appuyer sur Igor Thiago. Recrue la plus onéreuse de l’histoire du club, il était arrivé de Bruges l’été dernier contre 33 M€, mais était blessé toute la saison. Son retour fait presque de lui une nouvelle recrue. Fabio Carvalho, jusqu’ici peu utilisé, pourrait aussi avoir un rôle à jouer la saison prochaine. De plus, Thomas Frank avait commencé ces derniers mois à intégrer de nouveaux jeunes joueurs en équipe première. Si Yegor Yarmolyuk est maintenant ancré dans la rotation, Yunus Konak, Paris Maghoma et Kim Ji-soo pourraient suivre dans les prochains mois. L’objectif est d’encadrer cet effectif grâce aux expérimentés Vitaly Janelt, Mathias Jensen ou Ethan Pinnock.

Brentford est-il condamné à se battre pour son maintien ?
Pour autant, le mercato est toujours fait d’incertitudes, et d’autres départs surprises ne sont pas à exclure. Le club cherche d’ailleurs depuis quelques jours à accélérer sur le dossier Omari Hutchinson (Ipswich), histoire de pouvoir le compter aussi vite que possible dans son effectif. Mais les changements réalisés au sein du club sont nombreux et majeurs. Rien que sur le banc, Brentford tente un énorme pari, qui pourrait prendre du temps à fonctionner. Les Bees pourraient ainsi vivre une dangereuse saison de transition. Doivent-ils dans un premier temps viser à assurer leur maintien ? Sûrement. En quatre années de Premier League, Brentford n’a jamais pris part à une lutte pour le maintien, finissant même deux fois en première partie de tableau. Peut-être devront-ils s’adapter cette saison et se battre jusqu’au bout pour conserver leur statut.